Qu’est ce que le KARATE ?

Des étudiants en formation de karaté sur un toit au Japon c.1934

Le Karaté fut à l’origine un art martial, c’est-à-dire un moyen de vaincre un ennemi sur le champ de bataille ; c’est une méthode de combat sans arme, comme l’indique son nom :

« Kara » veut dire « vide » et « Te » veut dire « main. » Le Karaté est donc l’art du combat à main nue.

En réalité, les possibilités qu’il offre sont bien plus nombreuses. Art guerrier sans arme, il utilise d’une manière efficace et systématique toutes les parties du corps humain pour faire face à un adversaire même armé.

Le karatéka (celui qui pratique le Karaté) dispose en effet d’une multitude d’armes naturelles : non seulement le poing, mais aussi le pied, le coude, le genou.

Ces « armes » sont méthodiquement entraînées afin d’être capables, le cas échéant, de mettre hors d’état de nuire un agresseur éventuel. Le karatéka porte alors un coup unique mais puissant et décisif, sur l’un des points vitaux du corps de son adversaire.

De nos jours, le Karaté est devenu un art de défense. Le karatéka ne ripostera qu’après l’attaque d’un agresseur. « Ne pas attaquer avant d’avoir été attaqué » est la première règle du Karaté, celle qu’apprend tout adepte revêtant pour la première fois sa tenue d’entraînement.

Méthode efficace d’auto-défense, le Karaté est aussi une sévère méthode d’auto-discipline. Il permet de vaincre son propre corps en lui faisant surmonter nombre de difficultés. (Ces difficultés expliquent les abandons de tous ceux qui voudraient apprendre rapidement et sans effort une technique invulnérable).

Au bout de quelques séances, un tri s’opère donc automatiquement. Seuls persévèrent les adeptes qui, par-delà l’aspect physique, sont attirés par les bénéfices mentaux de cet art martial oriental. Toutes les disciplines du BUDO japonais (la « voie martiale ») se rejoignent pour indiquer à leurs pratiquants le chemin conduisant au perfectionnement de la personne humaine à travers des exercices physiques pénibles.

HISTORIQUE

Si le Japon est considéré aujourd’hui comme le haut-lieu d’où nous viennent les grands experts et les maîtres de cet art martial, c’est en fait Ille d’Okinawa, au sud du Japon, qui fut le berceau du Karaté. En tant que méthode d’exercice des mains et des pieds, le Karaté remonte à l’Antiquité ; mais l’histoire du Karaté actuellement popularisé par les Japonais a commencé il y a seulement une cinquantaine d’années. Comme toutes les techniques, le Karaté a évolué et s’est enrichi d’apports d’autres sports de combat. De nombreux mouvements n’ont été incorporés que depuis environ vingt-cinq ans ; d’autres se sont perfectionnés grâce aux recherches récentes de jeunes Maîtres.



Entraînement au château de Shuri vers 1938. Photographié par Nakasone Genwa 

Le moine bouddhiste BODHIDHARMA

L’histoire, ou la légende, raconte que c’est en Inde que naquit, il y a plus de deux mille ans, une méthode guerrière qui peut être considérée comme ayant inspiré le Karaté actuel.

En 520, Bodhidharma, selon ses dires descendant du Roi Sughanda, venant des Indes, demande un entretien avec l’empereur chinois Wu (dynastie des Liang). Il entend expliquer au protecteur du bouddhisme en Chine que ses actions valent peu au regard de la recherche de l’illumination (élément essentiel dans cette religion).

Congédié par l’empereur, Bodhidharma (Traduction directe : l’Illuminé) se réfugie au Temple Shaolin-Shi où il demande asile et protection.
Après trois ans de méditation, dans ce temple, déjà célèbre avant son arrivée, Bodhidharma décide de transmettre son enseignement aux bonzes chinois. Mais ces derniers en mauvaise santé car mal nourris ne supportent pas l’immobilité qu’impose la méditation.
A partir des diverses formes gymniques, plus ou moins guerrières qu’il avait appris dans son enfance, Bodhidharma met au point une méthode d’éducation physique appelée EKKIN KYO ou SHAOLIN-ZU-KEMPO.

Son but était de donner à ses disciples le moyen de conserver la forme et la santé par des exercices destinés à compenser les longues heures de méditation.
Mi-gymnique, mi-martiale, elle est considérée par certains comme étant à l’origine des diverses pratiques martiales réputées et créant des origines profondes aux arts martiaux japonais (Bujutsu et Budo).

En raison de son efficacité en combat, la méthode servit bientôt aux moines à se défendre contre les nombreuses agressions dont ils étaient victimes au cours de leurs pérégrinations. Les moines ayant été les détenteurs de cette technique, elle s’est donc rependue dans le reste du monde asiatique au rythme du développement du Bouddhisme, et notamment du Bouddhisme Zen.

cependant, Boddhidharma n’est pas, le créateur de l’Art Martial. En effet nombre d’écoles existaient en Chine plusieurs siècles avant sa venue (issus du courant Taoïste) . Il n’est ni l’inventeur des techniques de santé (les Taoïstes proposaient déjà à cette époque une «gymnastique médicale» très au point), ni l’importateur du Bouddhisme en Chine…

Par contre il a réussi à réunir ces tendances dans une seule pratique !

Ainsi, grâce à son enseignement, les moines de Shaolin ont pu se livrer sans contrainte à la méditation…
Malheureusement pour Boddhidharma , ses disciples étaient plus intéressés par l’aspect martial que par le fait de s’immobiliser face à un mur. Celle-ci éclipse donc peu à peu le but pour lequel elle avait été créée…

Boddhidharma dépité par la conception chinoise du Bouddhisme quitte le Monastère.

En 557, on annonce sa mort.
En fouillant sa tombe, on ne retrouve qu’une sandale et une robe. Plusieurs témoins, déclareront l’avoir rencontré en route pour les Indes, monté sur un tigre et chaussé de son unique sandale. Il laisse une oeuvre discutée et apocryphe : «La contemplation du Mur dans le Mahayana» (Tai Cheng Pi Krian)

En Chine, cette méthode se combina avec des méthodes locales. Le résultat en fut la boxe chinoise appelée CH’UAN-FA, KUNG-FU, KEMPO ou encore TAI CHI. Ces techniques sont encore actuellement pratiquées en Chine.


Okinawa, 
berceau du Karate et du Kobudo 


Au XV e siècle, sous les empereurs MING, les Chinois conquirent l’île d’Okinawa, dans le Pacifique. Les « arts du poing » chinois ont donc été introduits puis fusionnés avec les arts de combat locaux, c’est ainsi que le Karaté d’Okinawa l’OKINAWA-TE ou TO DE (signifiant La main de Chine ) serait apparu. (Plusieurs théories existe au sujet de la naissance du KARATE)  Ensuite, chacune des régions de l’ile, ou plutôt villes principales, ont fait évoluer vers les styles. 3 styles principaux sont apparus : 

le SHURI-TE, pour la ville de SHURI. Ce style étant pratiqué majoritairement par les samouraïs de la cours, 
le TOMARI-TE, en périphérie de la ville de SHURI. Ce Style fut d’avantage pratiqué par le peuple. 
le NAHA-TE pour la ville de NAHA 

Deux siècles plus tard un élan décisif lui fut donné lors de la conquête des îles Ryukyu, au sud du Japon, par Shimazu, seigneur féodal japonais. Okinawa passa sous le joug japonais et les insulaires se virent rigoureusement interdite la possession de toute arme. Cette interdiction produisit l’effet contraire de celui qu’avaient escompté les militaires japonais : l’OKINAWA-TE fut pratiqué intensément et atteignit un très haut niveau de perfectionnement technique; le Karaté (quoique ce ne fut pas encore son nom) fut alors développé sous sa forme la plus violente, dans le but de tuer à main nue.
Des entraînements spéciaux, destinés à durcir les armes naturelles du corps humain, furent mis au point : tel l’entraînement au MAKI-WARA. Par conséquent, la première confrontation des Japonais avec le Karaté se fit à leur détriment ! Ce n’est qu’au XX e siècle que des instructeurs de l’OKINAWA-TE
 jetèrent le voile.

En 1853, un fait important transforma l’image de la pratique des arts martiaux traditionnels, soit l’apparition des armes à feu que le Japon découvrit avec l’expédition américaine de Perry. Le déclin de certaines valeurs sociales qui avait été amorcé au XVIIe siècle fut accéléré par cette découverte qui fut suivie de près par l’unification du Japon à la période de Restauration MEIJI,
en 1868, alors que le système féodal fut aboli pour faire place à une société nouvelle avec l’ère TOKUGAWA (1868-1912) 
GIGHIN FUNAKOSHI fit des démonstrations retentissantes à Tokyo en 1917.
En 1922, tandis que ASAMOTO MOTOBU introduisait cet art à Osaka en 1923, et que NORIMICHI YABE, un autre instructeur, connaissait un vif succès à Los Angeles (U.S.A.).
Dès lors le Karaté prenait un essor extraordinaire ; et en premier lieu, au Japon où l’on ne connaissait encore que le JIU-JITSU (autre art de défense et d’attaque qui ne reposait pas exclusivement sur les coups frappés et dont le Japonais JIGORO KANO avait sélectionné des techniques pour créer le Judo en 1882).

Si GIGHIN FUNAKOSHI est considéré comme le père du Karaté moderne, il faut citer deux autres instructeurs : KENWA MABUNI et MIYAGI CHOJUN, venus aussi d’Okinawa.Ce sont ces trois hommes qui ont été certainement à l’origine des trois grands styles actuels du Karaté japonais :
– le style
SHOTOKAN (créé par FUNAKOSHI), bas et léger est surtout populaire dans l’Est du Japon,
– le style
SHITORYU (créé par MABUNI), un peu plus haut et plus puissant. Il est surtout populaire dans l’Ouest du Japon,
– le style
GOJURYU (créé par MIYAGI), aux déplacements plus petits mais à la très grande puissance ; c’est le style le plus proche de l’ancien Karaté d’Okinawa. On le trouve surtout dans l’Ouest du Japon.
Ajoutons qu’un quatrième style est né avant la Deuxième Guerre mondiale :
– le style
WADO-RYU (créé par HIRONORI OTSUKA). Ancien élève de FUNAKOSHI, OTSUKA a d’abord étudié le style SHOTOKAN. Kinésithérapeute de profession, connaissant à fond l’anatomie humaine, il a cherché une méthode plus en accord avec les mouvements naturels du corps. C’est ainsi qu’il a fait bénéficier le Karaté de l’apport du JIU-JITSU (qu’il pratiquait) en y introduisant notamment l’art des esquives. Il a modernisé certains passages de KATAS mais a conservé, par ailleurs, certaines formes anciennes. C’est sur les conseils mêmes de son professeur, FUNAKOSHI, qu’il a ouvert sa propre école.

Voilà donc les styles de base. D’autres en ont découlé (une quinzaine de styles sont actuellement pratiqués au Japon, tels le SHOTOKAI, le SHUKOKAI, le KYOKUSHINKAI, etc.). Il faut y ajouter les nombreux styles chinois et coréens.

C’est FUNAKOSHI qui appela pour la première fois son art « Karaté »; il y ajouta aussi le suffixe DO (Karaté-Do), car en introduisant l’esprit japonais du BUDO il vit là un moyen, une voie (DO) conduisant à la perfection humaine. D’abord développé en tant qu’art martial, le Karaté se développe de plus en plus en tant que sport.
En 1957, l’année de la mort du FUNAKOSHI, OTSUKA organisa les premières compétitions arbitrées, qui furent des championnats universitaires.
En 1964, à l’occasion des jeux Olympiques de Tokyo, une unification des tendances fut tentée à la demande du ministre de l’Éducation nationale qui avait mis cette condition à l’autorisation d’une démonstration de Karaté au Budokan (grandes salles des arts martiaux où ont lieu, notamment, les compétitions de Judo). C’est pourquoi une fédération fut mise sur pied : la « All Japan Karaté-Do Association ».
Mais elle n’est encore qu’un nom. Les rivalités d’écoles et de Maîtres demeurent, en effet, virulentes malgré la conviction de tous que l’avenir de leur art réside dans l’unification.


En Europe les styles SHOTOKAN et WADO-RYU sont les plus répandus. De nombreux experts japonais enseignent leur art soit comme conseillers techniques de fédérations nationales, soit comme professeurs dans des clubs privés. Les Maîtres KASE, ENOEDA, KANAZAWA et SHIRAI enseignent le SHOTOKAN. Les Maîtres SUZUKI, MOCHIZUKI, KONO, TOYAMA, SHIO-MITSU et YAMASHITA le WADO RYU.